Maintenant que Fred est revenu au Québec et qu’il a pris un peu de repos, voici le résumé de son séjour au championnat du monde d’Ironman à Kona, Hawaii.
La semaine du Ironman était déjà commencée depuis plusieurs jours lorsque je suis débarqué sur le Big Island, le mercredi avant la course.
Cet événement n’a rien d’ordinaire, c’est le plus grand rassemblement de l’industrie du triathlon à chaque année. Sur Alii drive, rue sur laquelle se situe la ligne d’arrivée, chaque maison/condo est louée par des triathlètes ou des compagnies de sport, qui affichent leur grosses bannières sur le balcon !
Il n’est pas rare non plus de voir qu’un café est « loué » par un commanditaire pour la semaine. Ces cafés sont l’endroit parfait pour rencontrer toutes les stars du monde du triathlon. Par exemple, à ma première visite au Lava Java, j’ai fait connaissance avec le champion olympique des jeux de Pékin, l’Allemand Jan Frodeno.
Il n’y a aucun doute, c’est la grande messe du triathlon. On dit qu’une personne sur deux vient à l’Ironman d’Hawaii sans y courir ou y accompagner un compétiteur. Un événement à ne pas manquer pour les puristes. À voir la quantité incroyable d’exposants dans les rues, dévoilant les tous derniers gadgets en sport d’endurance dans le décors de cet île paradisiaque, on comprend pourquoi.
J’en ai profité pour aller dire bonjour aux gens de Louis Garneau et Argon 18, deux compagnies québécoises qui ont beaucoup d’athlètes ici. Les gens de Garneau m’ont même donné un casque. Merci beaucoup !
Je ne suis pas arrivé à temps pour participer à la Underpants run, un jogging de 1 km en sous-vêtements sur Alii-drive, une vieille tradition du Ironman, mais j’ai pu y assister comme spectateur avant d’aller nager une trentaine de minutes dans le parcours de nage en plein océan pacifique.
Le site est superbe, indescriptible. Il faut voir par soi-même. Même chose pour le célèbre Queen-K Highway, que je découvrais le lendemain sur mon vélo. J’y ai aussi couru quelque peu, un temps aux côtés du champion en titre, l’Australien Chris McCormack.
La préparation finale à la course vint très rapidement. Il y a eu le banquet d’avant course, une dernière journée de relaxation vendredi, avant de filer vers une bonne nuit de sommeil où j’ai pu dormir un bon 8 heures quand même.
La course
Au matin du départ, tout s’est bien déroulé dans la zone de transition et ma journée a réellement commencé lorsque, 5 minutes après le départ des pros, les commissaires ont dirigé les quelque 1800 coureurs amateurs dans la Baie de Kailua, où nous avons fait de la nage sur place pendant 25 minutes, cherchant le meilleur endroit pour débuter cette nage qui était chaotique avant même d’être commencée.
Soudainement, sans aucun avertissement, le célèbre coup de canon s’est fait entendre à 7h précisément. On m’avait beaucoup parlé de cette nage, à quel point les gens sont fous et comme ça ressemble à une laveuse. C’était bien vrai. À la seconde où je trouvais un peu mon rythme de nage, quelqu’un m’accrochait, brisant mon cycle de respiration, ou encore deux trois suiveurs m’accrochaient les pieds sans cesse. Sans compter les coups violents qui venaient de partout.
La situation se calmera un peu après une dizaine de minutes, mais jamais vraiment. Je sors de l’eau en 1h07 en ayant pris beaucoup de notes pour la prochaine fois !
Après une transition sans bavures, je commence l’épreuve du vélo et encore une fois, c’est le chaos ! Tout le monde est excité, ça se dépasse sans cesse. C’est un énorme peloton stressé et on est même pas sortis de la ville ! Dans toute cette folie, un commissaire me décerne une pénalité de 4 minutes pour drafting (Sillonage d’un autre athlète pour fournir moins d’effort en étant caché du vent).
Dans cette situation, les commissaires n’ont d’autres choix que de sévir un peu au hasard pour faire respecter le règlement que personne ne peut vraiment respecter tellement il y a des vélos partout. On m’avait averti, je me suis fait prendre. J’apprends…
On sort de la ville et ça ne s’arrange pas. Ici, tout le monde est fort sur le vélo. On est en début de course, tout le monde est frais, tout le monde n’en peu plus d’attendre cette fameuse épreuve et ça dépasse de partout.
Un peu pris au dépourvu, faisant de mon mieux dans tout ce trafic, j’écope d’une autre pénalité de 4 minutes !!
Sinon, le rythme est bon sur le Queen-K et ce n’est qu’à l’amorce de la section montante entre Kawahaie et Hawi que je me démarque vraiment de la plupart des cyclistes, d’autant plus que le vent de face est maintenant bien présent. Une fois à Hawi, 110 km sont complétés et je m’arrête à la tente des pénalités pour purger mes 8 minutes. J’en profite pour aller aux toilettes, manger une bonne snickers et rire un peu du belge qui libère sa haine sur le commissaire… En français !
Sur le chemin du retour vers Kona, je profite de la grande descente pour rouler à des vitesses vertigineuses en évacuant ma frustration de ces pénalités. Toujours concentré, je ne vois pas trop ce qui se passe dans la course des pros.
De retour en ville, je débarque du vélo en 4h59, pénalité incluse. J’ai poussé plus fort sur le vélo qu’au Ironman de Louisville, un bon 13 minutes de mieux si on enlève ma pénalité. C’est parti pour le marathon dans les champs de lave.
On m’a conseillé de marcher à chaque ravitaillement, ce que j’ai fait. On m’a aussi dit de courir à l’aise durant les 30 premiers km sous peine de casser totalement sur les 12 derniers, ce que j’ai fait aussi.
Je peux donc dire que j’ai fini fort sur ce parcours brûlant ou rien n’était facile et où les surprises sont nombreuses. Entre autres, le relief est moins plat qu’il n’en a l’air lorsqu’on regarde la course à la télévision. Une fois l’energy lab franchi, ça descend beaucoup jusqu’à la fin. Mais à quoi bon descendre si on a laissé toute notre énergie dans le lab ?
Heureusement, ce n’est pas mon cas et à ce que je peux voir, bien des gens sont à bout de force loin de l’arrivée. Je reste concentré et je finis avec un rythme constant en 9h31. 6e dans ma catégorie d’âge. Mission accomplie.
Je suis très satisfait de ma course en général. Si l’on oublie ces deux pénalités, je suis parvenu à produire un effort semblable à celui déployé à Louisville et ce, dans des conditions beaucoup plus extrêmes cette fois.
Un bon repos était amplement mérité et cela a commencé au banquet d’après course, où j’ai regardé de près le podium réservé aux 5 premiers de chaque tranche d’âge, mais je suis déjà très heureux de ma performance et de ma saison en général.
Le lendemain, j’ai dormi sur la plage, pris du café et j’ai pu entrer au party VIP du Ironman où j’ai fait d’intéressantes rencontres ! Mais ce qui se passe au party reste au party.
Lundi, c’était l’heure de plier bagages tranquillement et de repartir vers le Québec. Famille et amis m’attendaient à l’aéroport de Montréal mardi après-midi et j’avais plein de choses à raconter.
Toutefois, je n’aurais rien à raconter si ce n’eut été de votre soutien dans ma campagne de vente de kilomètres, qui m’a permis de vivre ce que je considère comme la plus belle expérience de ma vie d’athlète. Je l’ai déjà dit 1000 fois, j’espère vous le redire lorsque vous m’aiderez dans mes projets futurs, mais je vous le dis maintenant, sincèrement, MERCI BEAUCOUP.
Frédéric