mercredi 5 octobre 2011

Ironman 101



*J'ai repris cet article, originalement publié sur mon blogue, 10 jours avant l'Ironman de Louisville. J'ai cru qu'il serait bon de le réutiliser sur cette page avec quelques modifications pour que les partisans de Fred, qui sont moins familiers avec le triathlon puissent en apprendre un peu sur ce sport.

Bonne lecture.

David


À part le célèbre slogan swim-bike-run
, c’est quoi le triathlon ? On m’a suggéré d’expliquer un peu, en gros.

Let’s go.

Comme bien des sports d’endurance un peu bizarres, le triathlon est l’invention des californiens, qui ont commencé cette folie au milieu des années 70.

C’est toutefois aux Navy seals d’Hawaii qu’on donne le titre de vrais inventeurs de ce sport.

Alors qu’ils s’obstinaient depuis longtemps à savoir si les meilleurs athlètes d’endurance de l'île étaient les nageurs, les cyclistes ou les coureurs de fond, ils ont décidé de régler ça à la dure, en enchainant l’une après l’autre les 3 épreuves sportives les plus difficiles sur l’île, leWaikiki Roughwater Swim (3,85 km), la course cycliste Around-Oahu(180 km, normalement disputée en deux jours, et le marathon d'Honolulu (42,195 km).

Tout cela dans le même ordre que ces compétitions californiennes dont ils avaient entendu parler : swim-bike-run. Celui qui passerait la ligne d’arrivée le premier serait appelé le «Ironman». C’est aussi simple que ça.

Avec des distances ridiculement grandes qui paraissaient impossibles à l’époque, cet événement d’allure surnaturelle pris rapidement plus d’importance que les triathlons ordinaires qui se multipliaient un peu partout.

Bientôt, la compétition portant le nom Ironman deviendrait une marque de commerce qu’on allait exporter dans des endroits paradisiaques pour y tenir d’autre épreuves de même distance qui permettraient de se qualifier pour la course d’Hawaii, qui devint rapidement le championnat du monde de triathlon.

Parallèlement, des événements sur des distances plus courtes avaient lieu partout dans le monde. Une fédération internationale de triathlon vu le jour (ITU), des coupes du monde et des championnats du monde sur plusieurs distances aussi.

Jusqu’à ce qu’on veule emmener ce sport aux Jeux olympiques.

La distance « olympique » a été élaborée dans les années 1990 par l’ITU. On y a enlevé l’interdiction de «drafting» (sillonage), les cyclistes pouvaient donc rouler ensemble sans prendre de pénalités (qui, selon le Commité international olympique, ruinaient l’essence de la course) sur un circuit comportant plusieurs tours pour qu’il y ait des spectateurs intéressés...

Depuis ce temps, L’ITU et la WTC (World triathlon corporation, propriétaire de la marque Ironman) se disputent le marché mondial du triathlon.

C’est ainsi qu’on peut être champion du monde sur plusieurs distances dans des sports qui ne ressemblent pas tant que ça, mais qui ne font qu’un aux yeux du public. Comme à la boxe (IBF, WBC, IBO, WBA, etc.) ou en course automobile (F1, Nascar, Champcar, WRC, etc.).

Mais encore aujourd’hui, l’Ironman d’Hawaii reste la seule épreuve connue du grand public. C’est le Tour de France du triathlon, ce qui en fait un incontournable pour les professionnels de ce sport s’ils veulent avoir un chèque de paie intéressant pour l’année suivante.

Aujourd’hui, les quatre distances les plus utilisées en triathlon sont :

Sprint (750m de nage, 20 km de vélo, 5 km de course)

Olympique (1.5 km de nage, 40 km de vélo, 10 km de course)

Demi-Ironman (1.9 km de nage, 90 km de vélo, 21.1 km de course)

Ironman (3.8 km de nage, 180 km de vélo, 42.2 km de course)

Il y aussi beaucoup d’événements indépendants qui vont organiser des courses sur la distance Ironman sans être en droit d’utiliser cette marque de commerce. On verra alors l’appellation «Iron-distance triathlon» ou «half-Iron distance» pour un demi-ironman.

À titre d’exemple, le demi-Ironman que j’ai fait en septembre 2010, à Syracuse, était organisé par la marque Ironman.

Celui de Magog, disputé il y a 3 semaines, était offert par le triathlon du lac Memphrémagog sur la même distance, sans en avoir le label officiel. Mais ça ne change rien, c’est aussi dur!

La différence se situe au niveau de la norme organisationnelle. En participant à n’importe quel événement de la marque Ironman dans le monde, vous payez plus cher et êtes assurés d’obtenir une certaine qualité d’événement digne la marque. Ce qui n’est pas garanti dans les autres courses, bien que c’est souvent aussi bon sinon mieux. C'est du marketing.

L’Ironman du Mont-Tremblant, qui aura lieu en grande première l’an prochain, attire beaucoup plus les incrits que la « Iron-distance » du triathlon de Montréal (souvent appelé Ironman de Montréal…), qui ne pourra jamais avoir la même réputation même si elle existe depuis longtemps déjà. C’est la force de la marque, les gens veulent se faire crier «You are an Ironman !» à l’arrivée.

Certains triathlons indépendants ont tout de même de grosses réputations mondiales, comme l’Escape from Alcatraz (San Francisco) et surtout le Challenge Roth, en Allemagne, le parcours « Iron-distance » le plus rapide du monde. Le record mondial appartient à l’Allemand Andreas Raelert, 2e à Hawaii l’an dernier. Il a fait 7h41 cet été à Roth !! Surveillez-le samedi prochain!

Alors que les transitions d'un sport à l'autre en sprint et en Olympiques sont capitales, celles-ci sont moins pressantes sur les longues distances. L’intensité n’est pas la même non plus : un sprint prend environ une heure (au fond du début à la fin) alors que l’Ironman prend entre 8 et 17h (2h20 pour faire la natation, 10h30 pour le vélo et il reste 6h30 pour le marathon. Sinon, t’es pas un homme de fer, désolé).

Généralement, les catégories sont simples.

Il y a la compétition de groupe d’âge, qui regroupe la grande majorité des participants, séparés par tranches de 5 ans. C’est le cœur du sport, son côté rassembleur et communautaire, qui encourage les gens à se lancer de gros défis ou à simplement faire de l’activité physique.

Les pros (ou élites) ont une licence de coureurs professionnels et se disputent la victoire à une allure plus rapide pour des bourses beaucoup plus importantes. C’est le volet compétitif du sport, même si les meilleurs amateurs, comme Fred, ont des cadences assez impressionnantes eux aussi.

Il y a aussi les divisions pour personnes handicapées (physically challenged), qui doivent compléter l’épreuve dans les mêmes délais, en ayant toutefois du matériel adapté à leur réalité.

La plupart des triathlons regroupent ces trois catégories.

L'Ironman D'Hawaii

La petite ville de Kona est un endroit paisible durant toute l'année. Mais une fois l'an, à la première semaine d'octobre, le grand cirque du Ironman débarque, avec ses 1700 participants et leurs nombreux accompagnateurs.

Si les 3 premières éditions du Ironman ont été disputé sur le petit île voisin d'Oahu, c'est le "big island" qui accueille la course depuis maintenant 30 ans, logistique oblige.

Le parcours a quelque peu changé au fil des ans, mais depuis une quinzaine d'année, le défi est le suivant: Imaginez une nage assoiffante, un vélo interminable et un marathon dans un sauna et vous aurez une petite idée de ce qu'est le championnat du monde d'Ironman, l'épreuve d'endurance la plus célèbre du monde.

Nage: 2.4 km dans l'océan pacifique. C'est un aller-retour que les pros entreprennent 30 minutes avant les quelques 1600 amateurs qui se sont qualifiés sur l'un des 25 Ironman partout dans le monde. Ce parcours est reconnu pour sa beauté mais aussi pour sa difficulté.

Vous risquez de voir le fond et quelques beaux poissons tout au long de ce segment de la course. Par contre, vous risquez aussi de ne pas battre votre temps de nage en ces eaux, vagues et départ massif de 1600 personnes(comme dans une laveuse) ne jouant pas en votre faveur.


Vélo: 180 km dans le vent. Après avoir fait quelques virages en ville, les cyclistes quittent pour un aller-retour d'une trentaine de km sur la route Kuakini. Ils repassent ensuite dans la ville en vitesse grand V pour bientôt débuter le grand aller-retour sur le Queen-K highway, haut lieu mondial du triathlon.

C'est ici que la course de vélo commence, que les favoris vont commencer à attaquer pour creuser des écarts, que la chaleur oppressive des champs de lave, situés à 1 mètres de la route, vont commencer à déboussoler les triathlètes.

C'est surtout ici que le vent va souffler, oh oui. 40, 60 ou même 80 km/h de vent. Mais le pire, ce n'est pas sa vitesse, mais plutôt le fait qu'il arrive en rafale et peux facilement prendre les lunatiques par surprise.

Avant la fin de l'aller, il y aura la longue mais douce montée de Kawahaie jusqu'à Hawi, le village du rond-point. On dit de cette montée qu'on y a toujours le vent dans la face, année après année. Pas de cadeaux.

Viendra inévitablement la descente et le retour vers Kona dans quelques deux ou trois heures. Encore là, vent, chaleur mais aussi beaucoup de fatigue. Vers la fin du vélo, dans un Ironman, il est normal de commencer à sentir que le corps n'a plus la même vigueur après environ 6 heures d'effort.

L'objectif, à partir de ce point, est de rester le plus vigoureux possible!

Marathon

Le parcours reprend la même logique que celui de vélo. Un petit aller-retour de 10 miles où il ne se passe jamais rien, mais dans lequel les participants sauront s'ils ont de bonnes jambes de course ou non. Après être repassés à Kona, ils partiront dans les champs de lave de nouveau, courant en direction de cet endroit ou tant de rêves ont été brisés au fil des ans: The energy lab.


C'est en fait un laboratoire de panneaux solaires et autres énergies thermiques naturelles qui est situé au beau milieu des champs de lave, à quelques 15 km de Kona. On sait donc que c'est un endroit propice au stockage d'énergie, mais cela aura évidement l'effet inverse sur nos athlètes.

Ceux qui sortiront du energy lab à la même vitesse qu'ils y sont entrés peuvent se dire qu'ils sont dans une très très bonne journée. Une fois passé le rond point tant attendu, plus que 10 miles à courir.

C'est ensuite la grande solitude jusqu'à quelques 2 km de l'arrivée. Il y aura la petite côte Palini hill, au sommet duquel celui qui passe premier gagne toujours, et la descente avant de tourner à droite sur Alii-drive, devant le départ de la natation, là où tout à commencé le matin même.

Selon les fervents médias de ce sport, Alii-drive, petit chemin de type Lakeshore en bordure de mer, est un monument du sport par son côté très symbolique. C'est là que tous ces gens courageux bouclent la boucle, accomplissent ce qui leur a longtemps paru impossible, qu'ils se prouvent à eux-mêmes qu'ils n'abandonnent jamais.

"It's a finish line you need to cross to understand."

Tout ça, dans 3 jours. Êtes-vous prêts?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire